La société Japonaise possède de multiples facettes des plus attrayantes, de multiples personnalités des plus originales... et tout autant de problèmes auxquels elle doit faire face.
Depuis quelques années l'un de ces problèmes est passé du statut de prédiction à celui de réalité : la démographie japonaise décline. Vieillissant et peu enclin à l'immigration, le Japon procrée de moins en moins et sa population continue de décroitre... Mais jusqu'où ?[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Un pays dépeuplé ?Pour la deuxième année consécutive, le Japon subit un déclin record de sa population,
avec 183 000 habitants de moins en un an.
Faute de naissances suffisantes, et avec un nombre d'étrangers en net recul suite à la crise, la décroissance de la population, annoncée de longue date, se fait de plus en plus présente. Cette troisième baisse depuis 2005 porte aujourd'hui le nombre d'habitants à 127,5 millions au premier octobre dernier, selon les chiffres officiels.
Le constat est donc des plus inquiétants, et pousse le ministère de l'Intérieur à expliquer que le pays vient d'entrer dans "une phase de déclin à grande échelle". En effet, comment endiguer le processus lorsque le pays affiche un taux de natalité de 1,3 naissances par femme, alors qu'il devrait se situer à 2,1 pour espérer un renouvellement de la population ?
D'autant qu'à la chute démographique s'ajoute un vieillissement de la population. Les personnes de plus de 65 ans sont 789 000 de plus, soit 22,7 % de la population, pendant que les jeunes de moins de 14 ans sont 165 000 de moins que l'an dernier. Alors que les femmes japonaises ont l'espérance de vie la plus longue au monde (86,05 ans), le pays pourrait bien se retrouver dans le cas d'une "société sans enfants", comme l'évoquent plusieurs médias locaux...
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Le problème est bien sûr pris très au sérieux par le gouvernement japonais, et a été l'un des sujets majeurs de la derrière campagne politique. Le Parti Démocrate au pouvoir a promis l'équivalent de 200 € par mois et par enfant aux familles. La prime à la naissance devait également être revalorisée, pour atteindre 4 000 €, alors qu'elle est annoncée à 890 € en France pour 2010. Enfin, le Premier ministre Yukio Hatoyama désire rendre la scolarité gratuite dans l'enseignement secondaire public. Cependant l'arrivée de la crise, à la fin de l'été dernier, pose d'énormes problèmes dans le financement de ces mesures.
Dis Japon... comment tu fais un bébé ?Mais derrière le problème économique, un problème social demeure. Avoir un enfant au Pays du Soleil Levant relève souvent du sacrifice, en plus d'un parcours du combattant. Premièrement, même une fois la bague au doigt, les obstacles sont nombreux. Une étude de l'Université Nihon a révélé qu'en 2007,
près d'un couple nippon sur quatre n'a eu aucun rapport sexuel. Mme Kawanishi, sociologue, évoque les journées de travail interminables qui épuisent les maris, l'exiguïté des logements mais aussi un manque de communication entre hommes et femmes. "L'industrie du sexe, la sexualité sont omniprésentes au Japon. Sauf au sein du mariage. On dirait que les maris et les femmes ont toujours autre chose à faire", déplore la sociologue.
Et pourtant, certaines entreprises essayent d’inciter leurs employés à repeupler le Japon. La direction de Mitsubishi UFJ, première banque du pays, a récemment envoyé un e-mail assez inhabituel à ses employés, les appelant à rentrer chez eux 50 minutes plus tôt qu'à l'accoutumée. Soulignant le très faible taux de natalité du pays, l'entreprise leur conseille de profiter de ce moment pour passer du "temps en famille".
Cependant même pour un ménage sexuellement actif, un enfant, avant même sa naissance, coûte déjà une somme importante. Sauf réelle complication, l'assurance maladie japonaise, sous la tutelle du ministère de la Santé, du Travail et du Bien-être social, ne prend pas en charge les consultations médicales liées à la grossesse ni les accouchements, et encore moins les traitements contre l'infertilité. Par ailleurs, le manque de pédiatres, baby-sitters ou tout simplement d'aires de jeux dignes de ce nom angoisse encore davantage les futurs parents.
Enfin l'arrivée d'un enfant, pour les Japonaises, rime souvent avec fin de carrière. 70 % des femmes travaillant dans les petites et moyennes entreprises quittent en effet leur emploi pour leur premier enfant."Il est très difficile pour une Japonaise de travailler tout en étant mère. Il y a bien sûr un problème de garde d'enfants", explique Mme Kawanishi. "Mais il y a surtout la mentalité, très forte, selon laquelle on attend d'une mère qu'elle sacrifie tout le reste pour entourer physiquement son enfant pendant ses trois premières années, faute de quoi l'enfant deviendra un raté." Selon elle, "cette conception, implicite et culpabilisante, amène beaucoup de femmes à juger qu'avoir des enfants apporte trop de problèmes."
Les 30 minutes que passent en moyenne les pères avec leurs enfants sont autant une cause qu'un symptôme d'une mentalité ancestrale, qui ne pourra évoluer du jour au lendemain. Et pourtant, si rien ne change, la population japonaise risque de baisser de 20% à 30% selon les experts, d’ici à 2050.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Source : Aujourd'hui le Japon